Droits des travailleuses et travailleurs
07/05/2025
  • Congrès 2025
  • Droit au travail
  • PL-89

Panel avec Mélanie Laroche, professeure agrégée à l’École des relations industrielles de l’Université de Montréal, Éric Dufault, Syndicat des employé-es de bureau du Cimetière Notre-Dame-des-Neiges–CSN, Jimmy Ducharme de l’intersyndical des Casinos et le comité droit au travail du CCMM–CSN. 

Dans l’arsenal syndical, le recours à la grève est assurément le plus grand outil, celui à utiliser en dernier recours lorsque l’état d’une négociation ne laisse pas d’autre choix aux travailleuses et aux travailleurs. 

Pour Jimmy Ducharme, de l’unité générale du Casino de Montréal, c’est l’employeur et son attitude qui forcent les syndicats à exercer la grève. Son conflit de travail intersyndical s’est étendu de 2022 à 2023, principalement à cause du recours important aux briseurs de grève de la part de la société d’État. Employé-es non-cadres, sous-traitants et malheureusement, employé-es syndiqués ailleurs qu’à la CSN ont brisé les lignes de piquetage. « Ça prend des alliances plus solides avec les autres syndicats présents sur le lieu du travail. On doit pouvoir se faire confiance », conclut Jimmy Ducharme. 

Éric Dufault du syndicat des bureaux du Cimetière Notre-Dame-des-Neiges abonde dans le même sens : « Le seul gagnant de la division au sein des travailleuses et travailleurs, c’est l’employeur », explique-t-il. L’unité des cols bleus et celle des cols blancs avaient débuté les négociations chacune de leur côté, mais leur union a permis de donner un nouveau souffle à leur négociation.  

Dans ce contexte, la réforme que le gouvernement souhaite apporter au droit de grève, le PL89, inquiète et le président du syndicat tient à souligner les impacts positifs de la grève : « Te rends-tu compte à quel point on n’a pas juste réglé une convention, mais on a aussi changé la culture de l’entreprise ? Aujourd’hui, la mission du cimetière d’honorer les défunts est possible, grâce à nos gains », demande-t-il au ministre du Travail. 

Mélanie Laroche, professeure en relations industrielles à l’Université de Montréal, insiste sur ce point. Pour défendre son projet de loi, le ministre du Travail invoque les désagréments que la population générale peut vivre à la suite d’une grève. Mais comment mesure-t-on les désagréments à court terme par rapport aux gains à long terme dont la population bénéficie également ? Bien souvent, les gains syndicaux entrainent des améliorations des conditions de travail des non-syndiqué-es et peuvent aussi engendrer des avancées sociales.  

Si le régime de négociation ne favorise pas toujours les travailleuses et les travailleurs et pouvait bénéficier de bien des réformes, c’est sur le rapport de force syndical que le ministre du Travail a décidé d’intervenir. « Un droit de grève problématique », dit le ministre, alors que 92 % des négociations se concluent sans conflit de travail. 

« Quand on touche le droit de grève, on touche le cœur de notre rapport au travail », conclut Mme Laroche.