À l’offensive contre toutes les formes de discrimination 
07/05/2025
  • Congrès 2025
  • Immigration et relations interculturelles

« Il y a une différence importante entre l’égalité et l’équité, on ne part pas tous de la même place. Il est donc essentiel de pouvoir répondre aux différents besoins afin d’atteindre les mêmes droits. Il faut se questionner : quelles sont les mesures à mettre en place pour que toutes les personnes aient accès aux mêmes droits et opportunités dans un cadre professionnel ? », débute Amel Zaazaa de l’Observatoire pour la justice migrante.  

Les employeurs craignent souvent de devoir créer des aménagements pour tous, s’ils les offrent à certaines personnes. « Or, on remarque que des adaptations, en plus de servir pour les personnes les plus marginalisées, sont en fait un levier pour l’ensemble de la société. Par exemple la lutte féministe qui a mené aux congés parentaux, a bénéficié à l’ensemble de la société finalement », poursuit Amel Zaazaa.    

De l’importance de l’accessibilité universelle

Frédéric Vachon et Maude Massicotte de l’organisme Ex Aequo, nous ont pour leur part présenté le principe d’accessibilité universelle. Celui-ci vise à briser les exclusions sociales, mais vise surtout à intégrer tout le monde, incluant les personnes ayant des handicaps invisibles. Ils nous rappellent que l’environnement est souvent plus handicapant que le handicap lui-même. Souvent, les personnes qui ont besoin d’accommodement ou de services ne peuvent participer et faire des demandes d’accessibilité ; il n’y a donc pas de changement. 

Comment être un meilleur allié ? 

  • Apprendre à bien interagir avec la personne à qui l’on s’adresse (ex. : ne pas toucher sans permission)  
  • S’adresser à la personne avant de s’adresser à la personne accompagnante 
  • Demander à la personne si elle veut de l’aide et si elle accepte, demander comment on peut l’aider  
  • Les personnes concernées parlent pour elles-mêmes (ex. : porte-parole) 
  • Ne pas présumer des capacités 
  • Demander aux personnes comment elles s’identifient pour éviter de les blesser (ex. : personne non voyante, personne handicapée, etc.) 
  • Demander s’il y a des besoins d’accessibilité quand on organise des évènements  

Capacitisme 

Patricia Forgues, du Syndicat des employé-es du Cégep du Vieux Montréal, est une intervenante, mais aussi une personne avec des limitations visuelles. « L’accessibilité universelle a changé ma vie. Quand j’y ai eu droit, j’ai pu étudier. La discrimination à l’embauche est réelle. On subit une oppression qui est semblable au racisme, au sexisme ou à l’âgisme », exprime-t-elle. 

Drapeau de la fierté des personnes handicapées :  

Signification derrière chaque élément de conception :  

  • Les six couleurs du drapeau : Le handicap traverse les frontières entre les nations  
  • Fond noir : Deuil pour les victimes de violence et d’abus capacitistes  
  • Bande diagonale : Franchir les murs et les barrières qui séparent les personnes handicapées de la société  
  • Bande rouge : Handicaps physiques  
  • Bande dorée : Neurodivergence  
  • Bande blanche : Handicaps invisibles et non diagnostiqués  
  • Bande bleue : Handicaps psychiatriques  
  • Bande verte : Handicaps sensoriels  

Les permis de travail fermé : un esclavagisme moderne 

Le témoignage de Bénédicte Carole a ému l’ensemble de l’assemblée indignée par son histoire. Après s’être fait miroiter des conditions de travail alléchantes et fait promettre que ses enfants pourraient venir la rejoindre après un an, elle a dû tout vendre pour payer les 20 000 $ nécessaires afin de venir au Canada. Arrivée ici avec un permis de travail fermé, elle était liée à son employeur et ne pouvait que travailler pour celui-ci, au risque de perdre son permis de travail.

Elle a ainsi été « femme à tout faire » sur une ferme pendant plusieurs années et a vécu l’enfer : « Des heures de travail beaucoup plus élevées que prévu allant jusqu’à 100 heures par semaine et pas toutes payées, et ce, sans aucun jour de repos. » Sa santé a commencé à décliner de manière importante. « On m’obligeait à travailler même avec un billet du médecin et on m’a menacée d’être renvoyée dans mon pays si j’étais malade. J’ai vécu du harcèlement psychologique, mais aussi de nature sexuelle, » conclut-elle.  

Après plusieurs années dans des conditions extrêmement difficiles, elle a réussi à s’en sortir grâce à de l’aide extérieure. Elle est maintenant militante au Centre des travailleuses et travailleurs immigrants (CTI) et porte-parole de Solidarité sans frontières. Elle travaille en santé. 

« Ceci n’est pas une histoire isolée, mais une réalité pour des milliers de travailleuses et travailleurs étrangers. Les permis de travail fermés sont une forme de travail non libre. Si on n’obtempère pas aux demandes de notre employeur, on devient reportables. Le gouvernement soutient que les travailleurs temporaires répondent à un besoin de main-d’œuvre temporaire ; or, ce n’est pas le cas. On n’arrive pas à pourvoir les postes qu’ils et elles occupent. Rappelons qu’il y a actuellement entre 500 000 et 1 million de personnes sans statut au Canada. Qu’adviendra-t-il d’elles ? Il est essentiel de se battre pour l’ensemble des travailleurs et travailleuses », de conclure Amel Zaazaa.