3 décembre 2018

Actualité syndicale

La déclaration commune pour le salaire minimum à 15 $ l’heure est lancée!

MONTRÉAL, le 2 déc. 2018 – Plusieurs groupes syndicaux, communautaires et étudiants ont procédé aujourd’hui au lancement d’une déclaration commune pour le salaire minimum à 15 $ l’heure.

En date du 30 novembre, la déclaration a été signée par 114 groupes, soit des organisations syndicales, des groupes communautaires, des regroupements citoyens, ainsi que par des mouvements étudiants.

Rappelons qu’au Québec, le salaire minimum est actuellement à 12 $ l’heure, ce qui est nettement insuffisant pour vivre dignement.

 

Quelques chiffres

  • En 2016, près de 11 % des usagers et usagères des banques alimentaires occupaient un emploi.
  • En 2018, il faut travailler 7 heures 5 minutes au salaire minimum pour pouvoir s’acheter un titre mensuel de la Société de transport de Montréal, par rapport à 4 heures 23 minutes en 1980.
  • Au Québec, près de 230 000 personnes travaillent au salaire minimum, et plus de 760 000 travailleuses et travailleurs sont payés au-dessous de 15 $ l’heure.
  • Sur la période de 1979 à 2016, le salaire minimum stagne en valeur constante, tandis que la productivité a augmenté de 35 %.

 

Déclaration commune pour le salaire minimum à 15 $ l’heure

Depuis 2012, la hausse du salaire minimum à 15 $ l’heure est devenue un enjeu majeur à travers l’Amérique du Nord. Au Canada, l’Alberta et la Colombie-Britannique ont déjà annoncé une hausse du salaire minimum à 15 $ l’heure. Au Québec, malgré un fort mouvement porté par les organisations syndicales, communautaires, étudiantes et politiques, le salaire minimum n’est que de 12 $ l’heure depuis le 1er mai 2018. Pourtant, des recherches comme celles de l’IRIS confirment qu’un salaire de 15 $ l’heure est le minimum pour sortir de la pauvreté et permettre à une personne de vivre une vie décente au Québec. Les conditions de travail des travailleurs et des travailleuses les plus précaires doivent être améliorées dans leur ensemble. L’augmentation du salaire minimum à 15 $ l’heure est un premier pas essentiel pour avancer sur cette voie.

 

CONSIDÉRANT CETTE SITUATION, NOUS REVENDIQUONS LE SALAIRE MINIMUM À 15 $ L’HEURE ET APPUYONS LES PRINCIPES SUIVANTS :

  • Étant donné que, pour la très grande majorité de la population, le salaire est la première source de revenus et que 21 % de la population salariée au Québec est payée à un salaire inférieur à 15 $ l’heure, nous considérons la hausse du salaire minimum à 15 dollars comme étant une voie incontournable afin de lutter contre la pauvreté.
  • Le salaire minimum, bien qu’il soit indispensable, n’est pas le seul et unique moyen de lutter contre la pauvreté. C’est pourquoi nous n’accepterons pas que cette hausse soit faite au détriment des services publics et des programmes sociaux.
  • Dans notre société québécoise, les organismes communautaires assument un rôle significatif, fournissant des services variés et comblant des lacunes des institutions gouvernementales. Afin qu’ils puissent poursuivre leurs mandats sociaux et offrir à leurs employées et employés un salaire décent au-dessus de 15 $ l’heure, nous croyons que la hausse du financement pour ces organismes est requise, et ce, dans le plein respect de leur autonomie.
  • La précarité et la pauvreté sont une réalité pour plusieurs. Toutefois, certaines portions de la population sont particulièrement touchées par les bas salaires, telles que les femmes, les personnes racisées, les personnes issues de l’immigration récente, les personnes migrantes temporaires, les personnes handicapées et les personnes autochtones.

 

Face à ce constat, la hausse du salaire minimum contribuerait à améliorer les conditions de vie de ces personnes. C’est pourquoi, d’une même voix, nous revendiquons un salaire minimum décent et dénonçons tous types de marginalisation et d’exclusion sociale.

En signant cette déclaration, les différentes organisations appuient officiellement la revendication d’un salaire minimum à 15 $ l’heure.

Le texte de la déclaration et la liste des groupes signatures sont accessibles en ligne : www.declarationcommune.info

Hausse du salaire minimum à 15$ en Ontario: Quand le Québec joindra-t-il le mouvement?

Lettre ouverte de Mélanie Gauvin et Virginie Larivière, co-porte-parole de la campagne 5-10-15*

31 mai 2017 – C’est officiel : le gouvernement de l’Ontario va déposer un projet de loi pour améliorer le sort des travailleuses et des travailleurs de la province. Il fera notamment passer le salaire minimum de 11,40 $ actuellement à 14,00 $ en janvier 2018, puis à 15 $ en janvier 2019, soit trois mois après que l’Alberta aura atteint ce taux. Pendant ce temps, au Québec, souvenons-nous que le gouvernement a tout fait dans les derniers mois pour rassurer les employeurs qu’une faible hausse de 0,50 $ du salaire minimum ne causerait pas de catastrophe économique. Et il a mis toute la gomme pour convaincre la population qu’il était allé aussi loin qu’il le pouvait en cette matière.

Le gouvernement ontarien nous démontre toutefois qu’avec de la volonté politique, il est possible d’aller beaucoup plus loin. Il s’apprête à faire voler en éclats tous les justificatifs utilisés de ce côté-ci de la frontière pour refuser la hausse du salaire minimum à 15 $ l’heure.

Rien dans son argumentaire ne fait référence à un ratio salaire minimum/salaire horaire moyen à ne pas dépasser au risque d’être l’équivalent d’une bombe atomique larguée sur le marché du travail, comme le prétend l’économiste Pierre Fortin. Comme quoi, quand le sort des travailleuses et des travailleurs est au centre des préoccupations des gouvernements, ceux-ci savent ignorer les oiseaux de malheur qui nous prédisent la fin du monde ou presque.

Autre argument souvent entendu : si le salaire minimum est trop élevé au Québec par rapport aux provinces voisines, notre économie en souffrira. Le gouvernement ontarien ne partage visiblement pas la même analyse que le gouvernement québécois puisqu’il fait tout de même le pari d’augmenter le salaire minimum de façon importante. De toute évidence, le Québec n’est plus à l’avant-garde avec ses politiques sociales et celles relatives au marché du travail.

D’ailleurs, soulignons que la hausse du salaire minimum n’est pas la seule mesure annoncée lundi dernier par le gouvernement ontarien, dont la plupart entreront en vigueur le 1er janvier 2018. Si le projet de loi est adopté, les travailleuses et travailleurs auront notamment droit :

-à 10 jours de congé d’urgence personnelle par année, dont deux journées payées, et ce, peu importe la taille de l’entreprise;
-à une rémunération égale à celle des employéEs permanentEs même s’ils sont engagés par le biais d’une agence de placement temporaire;
-à la possibilité de refuser de faire des quarts de travail si leur employeur le leur demande moins de quatre jours d’avance et d’être rémunérés 3 heures si un quart de travail est annulé moins de 48 heures à l’avance.

Et pour s’assurer que la législation est bel et bien appliquée, le gouvernement engagera jusqu’à 175 autres agentes et agents des normes d’emploi d’ici 2020-2021 et lancera un programme pour bien faire connaître toutes ces mesures.

Cela nous prouve que les revendications de la campagne 5-10-15 sont réalistes et d’actualité. Il serait possible pour les travailleuses et travailleurs québécois d’obtenir leur horaire de travail 5 jours à l’avance, de disposer de 10 jours de congé payé par année pour maladie ou responsabilités familiales et de gagner un salaire minimum de 15 $ l’heure. Malgré le penchant propatronal du gouvernement québécois, nous espérons qu’il saura s’inspirer du gouvernement ontarien et qu’il joindra le mouvement.

* Les sept organisations membres de la campagne 5-10-15 : le Front de défense des non-syndiquéEs, le Collectif pour un Québec sans pauvreté, la Centrale des syndicats démocratiques (CSD), la Confédération des syndicats nationaux (CSN), la Centrale des syndicats du Québec (CSQ), le Syndicat de la fonction publique et parapublique du Québec (SFPQ) et le Syndicat de professionnelles et professionnels du gouvernement du Québec (SPGQ).

Source : Campagne 5-10-15