La CAQ n’a plus rien à perdre…
02/09/2025
  • Billet de blogue

(English bellow)

Par Bertrand Guibord, président du CCMM-CSN

Après la défaite cuisante de son parti dans Arthabaska, François Legault a encore une fois fait acte de contrition, annoncé avoir « compris » et fait miroiter du « changement », tant au sein de son équipe ministérielle que de ses priorités politiques afin de reconquérir la faveur des électeurs et électrices. Après des mois dans les bas-fonds des intentions de vote, la rengaine commence à être usée.

On pourrait se réjouir de voir la CAQ croupir ainsi au bas des sondages, mais il faut faire attention. L’impopularité record des caquistes ne les rend que plus dangereux.

D’une part, on a pu voir dans les dernières semaines que le gouvernement se tourne encore une fois vers ses cibles favorites : l’immigration et les syndicats. Parions qu’il va ajouter une ou deux attaques envers les personnes trans pour faire bonne mesure, dans la foulée du rapport du « comité des sages », décrié de toutes parts par les organismes de la communauté 2ELGBTQIA+. On ne peut s’attendre à rien de bon des caquistes en ce qui concerne l’immigration, et envers les organisations syndicales, c’est une véritable attaque en règle contre le droit d’association qui s’annonce. Le gouvernement veut nous mettre au pas, et connaissant son mépris maintes fois réitéré pour les droits constitutionnels, on peut penser qu’il ne fera pas dans la dentelle. S’il le faut, il n’hésitera certainement pas à avoir recours au bâillon, comme il l’a fait régulièrement au cours des dernières années.

D’autre part, les caquistes n’ont plus rien à perdre. Pratiquement assurés de perdre leur emploi à l’Assemblée nationale, ils utiliseront les mois qui leur restent au pouvoir pour faire plaisir à leurs amis affairistes afin de s’assurer des bonnes jobs de boss une fois éjecté du pouvoir. Pensons à toutes les belles opportunités de privatisations offertes par Santé Québec, ainsi qu’à toutes ces généreuses subventions qu’ils pourraient octroyer au secteur privé plutôt que de financer un secteur public émacié et souffrant, souvent pour encourager des projets qui menacent l’environnement. Rien de surprenant, car depuis son arrivée au pouvoir la CAQ se comporte comme si le Québec était sa propriété.

Maintenant qu’elle est sur le pas de la porte de sortie, nous avons le devoir de la pousser dehors avant qu’elle ne fasse encore plus de dégâts. Nous ne pouvons accepter que la clique patronale caquiste affaiblisse davantage la société québécoise. Nous avons la responsabilité historique de lutter non seulement pour préserver nos acquis et nos droits, mais surtout pour renverser la tendance.

Ceci ne se fera pas par des discours et des interventions en commission parlementaire. Nous ne convaincrons pas les profiteurs de cesser d’abuser de leurs privilèges : nous devrons les forcer à le faire par notre mobilisation, notre unité, notre détermination et notre courage. Cet enjeu n’en est pas un de « gauche » ou de « droite » : l’ensemble des travailleuses et travailleurs du Québec et toute la société civile, quelles que soient leurs convictions politiques, devront dans les prochains mois se tenir debout pour ne pas se faire aplatir par le rouleau compresseur de droite et d’extrême-droite. La population ne veut plus de Legault et de sa bande, et si nous ne faisons rien, ils sauront nous le faire payer en s’en mettant plein les poches.  

Il n’est plus temps de nous diviser. Il faut dès aujourd’hui passer outre ce qui nous sépare pour tabler sur ce qui nous unit : la volonté du peuple de contrôler son propre destin et de prendre ses propres décisions. Face à un gouvernement patriarcal, autoritaire, raciste, antisyndical et transphobe, usé jusqu’à la corde, nous n’avons pas d’alternative: il faut passer à l’offensive.

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The CAQ has nothing left to lose

By Bertrand Guibord, president of the CCMM-CSN

After his party’s crushing defeat in Arthabaska, François Legault again expressed remorse, said he got the message and promised “change”—in both his Cabinet and his priorities—in a bid to win back public favour. But after months of disastrous polling for the CAQ, this refrain is starting to wear thin.

While it may be heartening to see the CAQ sinking in the polls, a word of caution is in order: their record unpopularity makes them all the more dangerous.

In recent weeks, the government has gone back to bashing its favourite targets: immigrants and unions. It’s a safe bet that it will throw in a few jabs at transgender people for good measure, in the wake of the report of its “expert committee,” which has been widely panned by 2SLGBTQIA+ community organizations. We can expect nothing good from the CAQ on immigration. And when it comes to unions, we are bracing for an all-out assault on the right to organize. This government wants to keep us in our place, and given its oft-expressed contempt for constitutional rights, it probably won’t pussyfoot around. If it needs to ram through legislation under closure, it will—just as it has done time and again in recent years.

The CAQ has nothing left to lose. As there is little doubt that they will soon lose their jobs at the National Assembly, they will spend their remaining months in power currying favour with their business friends—ensuring cushy corporate jobs await them once the voters toss them out. There will be lucrative privatization opportunities from Santé Québec, and instead of funding collapsing public services, they can be expected to continue shovelling generous subsidies into the private sector—often to support environmentally destructive projects. It’s is all business as usual for the CAQ: since taking office, they have acted as if Québec were their personal property.

Now that the CAQ is heading for the exits, we must try to hurry them out the door before they do even more damage. We must not allow the CAQ and its big business buddies to further undermine Québec society. We have a historic responsibility to fight—not just to protect our hard-won gains and defend our rights, but to reverse the destructive course this government has set.

This will not be achieved through speeches and briefs to parliamentary committees. We won’t convince the profiteers to stop abusing their privileges: we have to force them to stop through our mobilization, unity, determination and courage. This is not a left/right issue: in the months ahead, all Québec workers and all of civil society, regardless of political convictions, will have to stand up or risk being steamrolled by the right and the far right. Quebecers don’t want Legault and his crew anymore. If we do nothing, they will make us pay for it by lining their own pockets.

This is no time for division. Today, we must look past what separates us and focus on what unites us: the will of the people to make their own decisions and take control of their destiny. Faced with a tired, patriarchal, authoritarian, racist, anti-union and transphobic government, we have no alternative but to go on the offensive.