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Comme plusieurs, j’ai grandi en pensant que le monde tel que je le connaissais allait de soi. C’était un monde où les droits étaient respectés, où l’ensemble de la population disposait d’un filet social qui la protégeait des aléas de la vie, où régnait l’état de droit. En rétrospective, je ne peux que constater la naïveté de ces idées, qui me rendaient malgré tout fier du Québec, comme beaucoup d’autres j’imagine. Je croyais vivre dans une société juste et soucieuse du bien commun.
Plus tard, j’ai compris que ce que je prenais pour acquis n’allait pas de soi, qu’il y avait des endroits sur la planète où ces droits n’existaient pas, que ce n’était pas tout le monde qui en bénéficiait de la même manière, mais surtout que ceux-ci étaient le résultat de luttes sociales et non pas de la grandeur d’âme des gouvernant-e-s. J’ai compris que jamais les riches et puissants ne laissaient une parcelle de ce pouvoir leur échapper sans qu’elle ne leur ait été arrachée, la plupart du temps de haute lutte. J’ai aussi compris que les syndicats avaient joué un rôle essentiel dans ces luttes, ce qui explique certainement pourquoi le gouvernement les attaque aujourd’hui.
En comprenant que les acquis sociaux dont nous bénéficions ont été acquis par la lutte, on comprend du même coup qu’ils peuvent nous être retirés si nous ne sommes pas vigilant-e-s. Ils ne sont pas des évidences. On pourrait nous cherche à nous les enlever.
Nous sommes à un moment de l’histoire où nos acquis sont remis en question. Ici comme ailleurs, les gouvernements s’en prennent aux droits de la population : en France, en Argentine, aux États-Unis, au Canada, au Québec… L’offensive de la CAQ contre les droits syndicaux et sociaux s’inscrit dans cette montée de la droite et de l’extrême-droite au niveau international. Très concrètement, “notre” gouvernement s’en prend à notre droit à la santé, à l’éducation, au logement, à l’environnement, à notre droit d’association et à notre liberté d’expression, pour ne nommer que ceux-là. Si on ne réagit pas maintenant, nous en aurons pour des décennies de rattrapage.
Il ne faut pas penser que la CAQ se trompe, ou qu’elle ne comprend pas ce qu’elle fait. Au contraire, elle le comprend très bien. Elle est stratégique. En prétendant vouloir diminuer le pouvoir des syndicats, elle camoufle ses attaques aux droits de l’ensemble de la population . Au moment même où elle attaque la société civile et cherche à restreindre son poids politique, la CAQ dépose un projet de loi “constitutionnel” où elle interdit à des centaines de groupes de la société civile de contester judiciairement les décisions du parlement. Ce ne sont pas seulement les syndicats qui sont visés, loin de là. Les attaques visent aussi les groupes communautaires, les groupes citoyens, bref la société civile dans son ensemble.
Nous en sommes à un tournant historique, face à un gouvernement qui veut faire reculer le Québec de plusieurs décennies en termes de droits humains et de démocratie. Nous pouvons difficilement faire confiance aux autres partis susceptibles de lui succéder au pouvoir, qui au mieux se taisent, et au pire affirment haut et fort leur accord avec l’offensive de droite menée par le gouvernement en place. C’est pour cette raison que la manifestation du 29 novembre est l’une des plus importantes depuis des années, sinon des décennies.
Ce gouvernement n’a plus la légitimité de gouverner, encore moins celle de nous imposer des reculs démocratiques et des atteintes à nos droits d’envergure historique. Nous devons le forcer à reculer, et c’est par la force du nombre que nous y arriverons !
Personnellement, je ne veux pas avoir à me demander dans dix ou quinze ans ce que j’aurais pu faire de plus pour lutter contre les attaques antisociales et antisyndicales de la CAQ. C’est pour cette raison qu’il faut tout faire, maintenant, pour mobiliser en vue de la manifestation du 29 novembre et des prochaines phases de la campagne Faire front.
Parlez-en à vos camarades, collègues, familles et ami-e-s, c’est maintenant que ça se passe.
Solidarité !
Bertrand Guibord, président du CCMM-CSN